Pour Suivre Grégory (I)

Publié le par Pr Nico Lestairol & Dr Georges Cloonesque

"Une année dans la peau de Grégory Bourillon" (ou l'itinéraire d'un enfant pas comme les autres)

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Chapitre 1 : 1ère journée, Montpellier-PSG.

On dit souvent que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Grégory Bourillon, lui, avait l’habitude de faire la grasse matinée tous les jours. Son rituel était d'ailleurs immuable : après un gros dodo de dix heures, son réveil-matin en forme de nuage avec un cœur au milieu sonnait, diffusant en boucle la musique du générique de Princesse Sarah. Il se levait, enfilait ensuite sa robe de chambre Dora l'exploratrice et se dirigeait vers la cuisine, où sa maman lui avait préparé un bol de Miel Pops avec un verre de Joker Multivitamines. Les jeux à l'arrière de la boîte de Miel Pops n’étaient pas très compliqués, le Joker Multivitamines était froid mais pas trop. Et ce matin, comme tous les matins dans la maison de Grégory Bourillon, il faisait doux et tout allait bien.

Cependant, aujourd'hui n'était pas un jour tout à fait comme les autres. Aujourd'hui, Grégory allait être titulaire en défense centrale pour le premier match de la saison. Ce qui faisait un gros changement ; et le changement, Grégory n'aimait pas trop ça.

-"Ca va mon chéri, tu as bien dormi ?".
-"Oui maman. Mais j'ai encore fait un rêve qui m'a fait peur".
- "Ooooh, c'était quoi ce rêve mon Riri?" (la maman de Grégory Bourillon aimait bien appeler son fils "Riri").
- "J'ai rêvé que Stéphane me passait le ballon, et que deux adversaires venaient en même temps au pressing sur moi".

Grégory était joueur de football. Enfin, il faisait partie d'une équipe de football en tout cas. Oui, bon, il ne faisait pas vraiment partie d'une équipe en fait, disons qu'il aimait bien le football quoi. Même si le football, lui, n'aimait pas vraiment Grégory Bourillon.

- "Bah oui mon chéri, mais je t'avais bien dit de ne pas fréquenter ce garçon".

Ce garçon, Stéphane donc, c'était Stéphane Sessegnon. Ca faisait déjà un an que Grégory avait rejoint sa nouvelle équipe de football quand Stéphane était arrivé. Tout de suite, Grégory l’avait remarqué et il était allé lui parler :

- « Salut, moi c’est Grégory. Bienvenue dans notre colonie. »
- « Bonjour, moi c’est Stéphane… Je cherche Paul Le Guen, l’entraîneur du PSG. Mais je me suis trompé d’endroit je crois».
- « Non non, c’est bien ça, tu es bien dans la colonie du PSG. Paulogwen c’est notre moniteur, tu verras il est super sympa, c’est lui qui m’a fait venir ici ».
-« Euuuh… Non, enfin… Je suis Stéphane Sessegnon, je suis footballeur. Là je cherche l’entrée du PSG, le club de foot. »
- « Oui oui, c’est bien ça, on est la colo de foot du PSG. Viens avec moi, je sais où il est le mono. »
- « Ok, je vois… Nan, bon, écoutez monsieur, moi je suis joueur de foot, je suis là pour ma carrière vous comprenez ? Je suis pressé là, c’est la PremierLeague que je vise moi, je n’ai pas le temps de plaisanter avec vous ».



Ah la colo de l'an dernier, c'était sympa avec Edouard (en bleu) et Mateja (en rouge)

Paul Le Guen était alors arrivé, et avait dû expliquer à Grégory que non, le PSG n’était pas une colo, que lui n’était pas vraiment un mono, que c’était sa maman qui lui avait raconté cette histoire car elle n’avait pas osé lui expliquer en détail la cruauté du monde du football professionnel, par peur qu’il se mette à pleurer et qu’il refuse d’y aller. Evidemment, depuis ce jour la maman de Grégory gardait une certaine rancœur envers Stéphane, responsable à ses yeux des cauchemars récurrents de son enfant. Elle en voulait aussi à Paul Le Guen, qui lui avait juré de s’occuper de son fils sans jamais rien lui avouer, et qui n’avait pas tenu sa promesse. Mais Paul Le Guen était parti, Stéphane Sessegnon était toujours là, et il était tellement fort au football qu’il fascinait Grégory, au grand dam de sa maman.

- « Allez c’est rien mon Riri, t’es un grand garçon maintenant. Va t’habiller, je t’emmène au stade.»

Arrivé au stade, Grégory alla voir directement Antoine, le nouveau mono qui avait remplacé Paulogwen depuis deux mois. Plusieurs joueurs étaient déjà arrivés, et Antoine leur parlait : « Bon les gars, c’est aujourd’hui que ça commence, donc motivés les gars hein. Je veux de la gnac dés que vous entrez dans le bus, on y va pas pour se torcher le cul avec du coton, j’vous préviens, faut pas prendre Montpellier à la légère les gars, hein ! ».
Grégory se dirigea vers le bus en se disant que, décidément, le nouveau mono parlait beaucoup plus fort que Paulogwen et ça lui cassait les oreilles. Et qu’il aimerait bien qu’on lui explique c’était quoi son pellier à Antoine, dont il avait parlé toute la semaine.

Le trajet se déroula bien, Grégory eut le temps de lire deux BD en entier, et de se faire expliquer par Sylvain (le gentil monsieur tout rouge qui joue des fois à côté de lui) c’était quoi un pellier. Puis l’arrivée à Montpellier donc ; puis le début du match.

Pas rassuré, Grégory entra sur le terrain sur la pointe des pieds. Tellement sur la pointe des pieds qu’un gros monsieur tout transpirant qui était avec les montpelliérains lui hurla : « Eh la danseuse ! Retourne chez ta mère, on va t’plier ! ». Les larmes aux yeux, Grégory se tourna vers Stéphane : « T’inquiètes pas, fais comme d’habitude, tu te mets derrière Claude et Mamadou et t’attends qu’ils se calment ».

Mais les montpelliérains ne se calmèrent pas. Pendant tout le match ils se jetèrent sur le ballon, donnèrent des coups de coude, des coups de pieds… même quand Ludovic marqua un but, ça n’arrêta pas les montpelliérains. Ils devinrent même encore plus méchants. Grégory était terrorisé, il n’avait d’autre solution que de rester entre Claude et Mamadou, en priant pour pas qu’un montpelliérain se jette sur lui et le griffe, ou lui tire les cheveux.

Le match était bientôt fini, mais tout le stade était en furie. Grégory avait les yeux rivés sur le chronomètre, son calvaire allait bientôt prendre fin. Les montpelliérains tiraient leur dernier corner. Sylvain cria « Grégory !! Mets-toi à côté de Mateja et bloquez le point de penalty ! ». Sauf que Grégory avait une peur bleue de Mateja, ce mec bizarre avec une tête de psychopathe roumain et des tatouages de prisonnier. « Grégory ! A côté de Mateja bordel ! ». « J’veux pas ! J’ai trop peur !! ». Sylvain avança alors vers Grégory, quand le corner fut tiré. Il rebondit sur un premier joueur montpelliérain, loba Grégory et Sylvain qui n’était plus à sa place, et un montpelliérain marqua de la tête. Puis l’arbitre siffla la fin du match.

Dans le vestiaire, c’était pas vraiment la fête. Tout le monde était énervé, bougonnait et jetait ses affaires par terre en grommelant. Grégory remarqua que Sylvain avait une mine encore plus renfrognée que d’habitude, ce qui était impressionnant à voir parce que même content, Sylvain avait déjà une mine très renfrognée. Mais il ne dit rien et resta dans son coin, car il sentait bien qu’encore une fois il n’avait pas très bien joué, et qu’on risquait encore de se moquer de lui. C’est Ludovic qui prit la parole. « Bon les gars, ça fait chier, mais c’est pas grave. On a fait de bonnes choses quand même. Marcos, t’as bien assuré. Pegguy, Stéphane, c’était pas mal. Jérémy c’était bien mais faut nous aider devant un peu… mais bon, c’était bien sinon. »

Il y eut un silence, et puis : « Grégory par contre, t’es comme le « H » de Rothen : tu sers à rien ». Puis tout le vestiaire ria, même Jérôme Rothen, qui pourtant n’aurait pas du.

Grégory baissa la tête, regarda ses pieds, et pensa à sa maman qui l’attendait à la maison. Encore une fois, les gens n’étaient pas sympas avec lui. Il s’habilla, mis ses baskets, serra fort ses scratchs, puis sorti des vestiaires pour retourner dans le bus. Heureusement, demain c’était dimanche, il n’avait pas à aller au stade et il pourrait passer l’après-midi à regarder les dessins-animés.


Publié dans Niais visage for men

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